Juliette Roquette

C’est en travaillant sur ces projets de création ou de reprise d’entreprise qu’elle prend conscience du caractère déterminant du juridique dans la structuration des projets, et de la complexité de la réglementation applicable. “Au fond, ce que je sais faire, c’est du droit. Pourquoi je ne ferais pas une boutique dédiée à cet écosystème”, se dit-elle. Et c’est comme ça qu’en 2022, elle reprend la robe pour créer Mater Law. Mater, pour le latin « materia », la matière, et « mater », pour sa dimension matricielle. Parce que cette matière, dont il s’agit de préserver la valeur, est au cœur de toute l’économie circulaire.

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Interrogée sur la raison de son intérêt pour l’économie circulaire, elle explique : “l’enjeu climat, je trouve ça très théorique, alors que la matière et les produits c’est concret. Ce que font mes clients, c’est tangible : trouver un modèle d’affaire pour une activité de réparation ou de réemploi, repenser ses emballages, faire un objet à partir d’un déchet qui aurait été enfoui ou incinéré, valoriser le résultat de ses efforts en matière de circularité auprès de ses actionnaires et du marché, etc. J’adore voir le résultat concret, ce qu’on peut faire avec la matière. Et ça me paraît être une évidence par rapport à l’enjeu moral que posent les conditions de gestion de certains déchets.”

Mais Juliette a également quelque chose d’intrépide, et elle se cache pas l’attrait qu’elle a pour le challenge intellectuel que représente la transition vers cette économie : “On vit dans un monde fini. Si on ne veut pas aller vers la décroissance, il faut allonger la durée d’usage de la matière pour limiter nos prélèvements sur les ressources naturelles non renouvelables. C’est évident que c’est ce qu’il faut faire, et en même temps c’est extrêmement compliqué car ça implique de repenser certains business models et même la réglementation, qui a elle aussi été pensée pour un monde linéaire. Les objectifs sont vite antagonistes, donc c’est très compliqué. Et plus c’est compliqué, plus ça me stimule. J’adore le challenge !”

Ses clients sont des entreprises de toutes tailles, de la start-up au grand groupe en passant par des PME. Des producteurs ou distributeurs qu’il s’agit d’accompagner en amont de la mise sur le marché des produits, comme des acteurs de la valorisation de déchets qui ont besoin d’aide pour la mise en conformité de leur activité, ou encore des éco-organismes ou fédérations professionnelles. “Je suis persuadée qu’il y a une vraie prime à maîtriser le cadre règlementaire de ses activités”, conclue-t-elle.

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